Aline travaille dans une grande entreprise depuis deux ans. Un soir, en revenant de son lieu de travail, elle a repris le chemin de son domicile et un camion a percuté son véhicule sur l’autoroute, continuant son chemin sans même prêter attention à la petite berline. Elle est partie en vrille, sa voiture a effectué plusieurs tonneaux et s’est arrêtée au milieu de celle-là. Tant bien que mal, elle a pu s’extirper de la carcasse de métal et a couru s’abriter derrière la bande d’arrêt d’urgence.Etourdie, elle a appelé les secours, et les a attendus pendant de longues minutes qui lui semblaient interminables.Elle se sentait comme dans un état second, elle ressentait beaucoup de stress et était dans un état de stupeur : chaque bruit la faisait réagir au quart de tour, elle restait sur le qui-vive mais se sentait paralysée par la peur.Plus tard, à l’hôpital, Aline a remarqué qu’elle avait quelques contusions ainsi qu’une grosse blessure à la jambe. Elle devra la soigner pendant trois semaines.Après avoir vécu un évènement traumatisant particulier et court ou une période de stress intense qui s’est prolongée, il se peut qu’une personne développe ce qu’on appelle un état de stress post-traumatique.
Comment se développe l’état de stress post-traumatique?
- C’est une réaction psychologique
- Provenant d’un trigger traumatisant et intense
- L’intégrité de la personne est menacée durant cette période ou cet évènement
Il est nécessaire toutefois de faire une différence entre :
- la réaction aigüe à un facteur de stress intense
- l’état de stress post-traumatique
Comment reconnaître l’état de stress post-traumatique et la réaction aigüe au stress ?
La nouvelle Classification Internationale des Maladies, la CIM-11, établit plus précisément le diagnostic de ces deux états.
Dans l’article suivant, Les syndromes psychotraumatiques, quoi de neuf dans la CIM-11? (Evelyne Josse), vous pourrez trouver la définition précise de chacun d’eux, que je vais résumer ici:
« La CIM-10 (Classification internationale des maladies publiée par l’OMS) décrit la réaction aiguë à un facteur de stress apparaissant dans les minutes suivant l’incident critique et disparaissant en quelques heures, tout au plus en quelques jours. Elle distingue ce trouble immédiat de l’état de stress post-traumatique, réaction différée apparaissant quelques semaines ou mois après l’événement traumatique, mais elle reste muette sur les manifestations présentées dans l’entre-temps. » (Evelyne Josse, « Les syndromes psychotraumatiques, quoi de neuf dans la CIM-11 ? », www.resilience-psy.com)
La réaction aigüe à un facteur de stress est TRANSITOIRE, et on peut y observer des symptômes :
- émotionnels
- somatiques
- cognitifs
- comportementaux
C’est une REPONSE NORMALE à la situation vécue.
Elle devient ANORMALE si elle continue dans la DUREE et amène des PROBLEMES sur plusieurs aspects de la vie de la personne.
Ce qu’a vécu Aline juste après son accident, son état second, son état d’hypervigilance, sont des éléments de sa réaction aigüe à un stress intense.Néanmoins, quelques semaines plus tard, Aline se rend compte qu’elle ne se sent plus bien sur son lieu de travail. Elle arrive à y aller, mais plus la journée avance, plus c’est difficile.Elle ressent des bouffées de chaleur, elle transpire, elle se sent stressée en permanence.Elle évite au maximum les autoroutes, ce qui lui rallonge son temps de trajet.Elle dort mal, elle a besoin de prendre des somnifères.Aline a développé ce qu’on appelle un Etat de Stress Post-Traumatique.
L’Etat de Stress Post-Traumatique est développé après un évènement vécu si :
- les symptômes vécus lors de la réaction aigüe continuent pendant longtemps ;
- on observe des reviviscences, c’est-à-dire que la personne revit dans sa tête les événements vécus lorsque quelque chose lui fait penser à la situation ;
- on observe que la personne évite certaines situations qui lui rappellent l’évènement
- physiquement, on observe une hyper-activation neurovégétatitve, c’est-à-dire que le cœur de la personne s’emballe rapidement, la tension artérielle est plus élevée, la personne transpire parfois de stress même dans un environnement calme, la personne est souvent dans un état d’hypervigilance, c’est-à-dire qu’elle est sur le qui-vive
C’est un état pathologique, ANORMAL. Il cause des problèmes sur les plans sociaux, privé et au niveau professionnel à la personne qui le vit.
POUR RESUMER
Réaction aïgue à un facteur de stress | Etat de Stress Post-Traumatique |
Symptômes transitoires émotionnels Symptômes transitoires cognitifs Symptômes transitoires somatiques Suite à un évènement horrible ou menaçant Signes neurovégétatifs d’anxiété (tachycardie, transpiration) Stupeur S’atténue peu à peu avec le temps Etat considéré comme non pathologique | Reviviscences de l’évènement horrible ou menaçant Symptômes forts émotionnels qui perdurent dans le temps Symptômes forts somatiques qui perdurent dans le temps Suite à un évènement horrible ou menaçant Evitement ++++ de situations anxiogènes liées de près ou de loin à l’évènement Hypervigilance Ne s’atténuent pas avec le temps Etat pathologique |
Les évènements menant à un ESPT peuvent être chroniques : une situation au travail qui ne se résout pas, une situation familiale intensément négative, du harcèlement, etc.
Les symptômes apparaissent endéans les trois mois après l’évènement traumatique.
L’ETAT DE STRESS POST-TRAUMATIQUE COMPLEXE
Il est observé, après un évènement traumatique intense, des altérations de la personnalité chez certaines personnes. Dans la nouvelle classification, on appelle cet état particulier l’ESPT COMPLEXE :
« Le SSPT complexe se caractérise par
des problèmes graves et persistants
1) de régulation des affects ;
2) de croyance en soi comme diminué, vaincu ou sans valeur, accompagné de sentiments de honte, de culpabilité ou d’échec liés à l’événement traumatique ; et
3) de difficultés à maintenir une relation et à se sentir proche des autres.»[1]
(Evelyne Josse, « Les syndromes psychotraumatiques, quoi de neuf dans la CIM-11 ? », www.resilience-psy.com)
On parle dès lors d’un état d’altération de la personnalité : vous ne vous reconnaissez plus, votre entourage non plus. Il est nécessaire de se faire aider quand on arrive à ce stade, et il est possible de se faire aider !
Dans tous les cas, si vous pensez souffrir d’un ESPT, ne restez pas seul.e : les psychothérapeutes sont là pour vous aider.N’hésitez pas à ME CONTACTER pour des informations supplémentaires !
[1] http://www.resilience-psy.com/IMG/pdf/chgt_cim_psychotrauma.pdf